Mes attentes étaient élevées, vendredi dernier, au Centre Bell.
J’allais là en pensant que Michel Sardou allait faire plaisir aux membres de son public, dont certains lui sont fidèles depuis 60 ans, en leur offrant ses chansons les plus connues.
Mais manifestement, Monsieur Sardou a eu envie de se faire plaisir à lui, en chantant majoritairement des chansons plus obscures de son répertoire.
Il a bien repris quelques-uns de ses succès mais qu’il a réduits à de simples extraits, rassemblés dans des pots-pourris.
Pour ceux qui avaient payé entre 100$ et 228$ pour un billet, disons qu’ils n’ont pas eu le sentiment d’en avoir pour leur argent! Surtout quand le stationnement au Centre Bell coûte… 41$!
Quelle générosité?
Au-delà du seul exemple de Sardou, c’est le phénomène plus général des artistes qui privent leur public de leurs plus grands succès qui me déçoit.
Je me souviens, il y a plusieurs années, quand Vincent Delerm était venu à Montréal. Sa plus grosse chanson, son grand succès, celle qui l’avait mis «sur la map», c’était bien entendu Fanny Ardant et moi.
Et quand Delerm a enchaîné ses chansons sans même daigner chanter son gros hit, je me suis dit qu’il manquait de générosité.
C’est quand même fou: j’ai plus entendu plus de variations complètes des immenses succès de Sardou en mangeant au restaurant Bazarette du Centre Bell que lors du spectacle lui-même! Les proprios du resto avaient eu l’étrange idée de ne faire jouer que du Sardou pour les gens qui mangeaient là avant d’aller voir le spectacle.
En première partie du spectacle, le pianiste Antoine Decrop a intégré des chansons de Sardou dans ses propres pièces. Le public du Centre Bell a donc chantonné En chantant et La maladie d’amour… en l’absence du grand homme.
Puis, quand Sardou lui-même est arrivé sur scène, il nous a lancé une douche froide: il nous a annoncé qu’il allait nous décevoir parce que LA chanson que nous voulions absolument entendre, il ne la chanterait pas. «Même si le spectacle durait huit heures, il manquerait encore LA chanson». Des gens viennent le voir après son spectacle en lui reprochant de ne pas avoir chanté LA chanson, celle pour laquelle ils se sont déplacés.
Je comprends parfaitement ce qu’il voulait dire: il était not possible qu’il puisse satisfaire TOUS les followers de TOUTES le chansons. Mais ce n’est pas une raison pour escamoter ses plus grands hits en les balayant rapidement dans un medley.
Pourquoi avoir réduit En chantant, La java de Broadway, Le France à des extraits mais avoir chanté Mam’selle Louisiane au complet? Pourquoi privilégier des chansons dont pas un chat ne connaissait les paroles par cœur?
Michel Sardou a conclu son spectacle en reprenant Comme d’habitude de Claude François. Pourquoi pas. Mais c’est quand même étrange qu’il écarte ses plus grands succès à lui pour mettre en valeur le plus grand succès d’un autre.
C’est quand même incroyable qu’on quitte un spectacle de Sardou… en ne fredonnant pas du Sardou.
Rendez-vous manqué
Le spectacle de Michel Sardou s’intitulait Je me souviens d’un adieu. J’étais sûre qu’il allait nous gâter en nous en mettant plein la vue.
Disons qu’à propos de ma soirée au Centre Bell, je me souviens d’un adieu… manqué.